Pour trouver la bonne idée, pensez « au-delà » du cadre !

Émergence, divergence, convergence et résurgence : les 4 étapes pour trouver la bonne idée et apprendre à penser au-delà, plutôt qu’en dehors, du cadre.

Pour innover, c’est facile : il suffit d’être créatif. Pour être créatif, c’est aussi facile; il suffit de trouver la bonne idée. Et pour trouver la bonne idée, c’est encore plus facile : il suffit de penser en dehors du cadre… C’est là que ça se corse un peu : les entreprises ont une fâcheuse tendance à penser dans des cadres si rigides qu’il est extrêmement difficile de s’en extraire. Dans cet article, nous allons vous donner un cadre (mais un nouveau, souple, évolutif !) pour vous aider à trouver la bonne idée qui débridera votre créativité et permettra à votre organisation de créer une authentique culture de l’innovation.

L’expression “penser en dehors du cadre” (“out of the box thinking” en anglais) vient de Walt Disney et de ses concepteurs qu’on appelle des Imagineers (mot-valise qui contracte “imagination” et “ingénierie”, autrement dit des ingénieurs de l’imaginaire) : quand ils cherchaient à créer le premier parc à thèmes, Disneyland, rien de tel n’existait encore pour leur servir de modèle et il leur a fallu penser différemment. Ils utilisaient de nombreux casse-tête pour délier leur créativité, dont un constitué de 9 points disposés en 3 colonnes. Le but était de relier tous les points en 4 lignes droites seulement et en ne levant jamais le stylo. Impossible semble-t-il… jusqu’à ce que l’un d’eux réalise que notre esprit tend à enfermer les points dans un cadre mais que rien dans la règle n’interdit d’en sortir… puisqu’il ne s’agit que d’un cadre mental. Dès qu’on prolonge la ligne tracée par le stylo au-delà de ce cadre mental, il devient possible de relier les 9 points en 4 lignes tracées au stylo sans relever ce dernier. 

Pensez au-delà du cadre. Les 9 points sont dans un cadre mental dont rien ne vous interdit en réalité de sortir ! À partir du moment où vous avez réalisé cela, il existe d’ailleurs bien plus d’une façon de relier tous les points en seulement 4 traits ininterrompus de stylo…

En fait, vous pourriez dire que Walt Disney s’est contenté d’élargir le cadre et vous auriez raison. Penser “en dehors” du cadre ne veut pas dire penser “sans » cadre – ce n’est d’ailleurs pas possible ! – mais plutôt penser “au-delà” ou, encore, penser “dans un autre” cadre. Pour trouver une bonne idée, être plus créatif, en un mot innover, il faut donc apprendre à penser dans un nouveau cadre… dont nous partageons les secrets (connus des spécialistes de la créativité et de l’innovation) avec vous. 

4 étapes pour trouver la bonne idée

1 – L’ÉMERGENCE pour penser le doute

Nous venons de le voir, il n’existe pas qu’une façon de voir 9 points en 3 colonnes, comme il n’existe pas qu’une façon de voir le monde. Reconsidérons ce dernier tel que nous le connaissons, en remettant tout en doute (attention quand même à ne pas sombrer dans le complotisme !), en remettant en questions vos anciennes idées.

Dans votre entreprise, on a toujours fait comme ça : mais pourquoi ? et pourquoi continuer ? pourquoi ne pas faire différemment ? d’ailleurs, comment font les autres ? Bref, il s’agit de vous débarrasser de vos certitudes comme vous le feriez de vos vêtements à l’entée d’un camp naturiste ! Tout nu, on est plus humble et l’humilité est une qualité nécessaire à la créativité : cette dernière n’est possible que si l’on n’est plus certain de détenir la vérité. N’oubliez pas qu’on a tendance – c’est humain ! –  à chercher à confirmer les idées auxquelles on croit déjà. Ayez conscience de ce biais pour vous mettre en danger, restez ouvert au chaos : à ce stade, c’est une bonne chose. Conduisez un audit de ces nouvelles incertitudes : il s’agit de reformuler votre vision du monde (ou au moins celle de votre entreprise) sans a-priori.

2 – La DIVERGENCE pour penser la quantité

C’est sans doute la partie la plus excitante de l’exercice : générer de nouvelles idées. Cela peut se faire seul mais c’est plus efficace à plusieurs. Demandez-vous qui peut participer et voyez large : n’oubliez pas que si vous ne réunissez que les mêmes personnes avec qui vous avez l’habitude de travailler, vous aurez toutes les chances d’aboutir aux mêmes réponses. La diversité des profils est donc de mise à cette étape appelée “divergence” car, vous pouvez explorer librement de nouvelles pistes, les hypothèses les plus farfelues, celles qui “divergent” (s’écartent) le plus de la voie médiane.

Pour le moment, privilégiez la quantité à la qualité car, comme l’a écrit le double-Prix Nobel Linus Pauling : “Le meilleur moyen d’avoir une bonne idée, c’est d’en avoir beaucoup et d’éliminer les mauvaises”. N’éliminez rien cependant car, à ce stade, aucune idée n’est mauvaise (gardez cela pour l’étape suivante). Vous pouvez vous échauffer, comme Walt Disney et ses Imagineers, avec des jeux qui favorisent un environnement créatif et, surtout, gardez l’esprit ouvert. Ne rejetez aucune suggestion :  le “non” étant de toute façon prohibé, n’opposez pas un “oui mais…” à une idée qui vous semble échevelée, préférez un “oui et ?” qui va inciter vos interlocuteurs à pousser le bouchon encore un peu plus loin. 

Si le processus retombe un peu, relancez le en vous plaçant du côté de vos clients : que cherchent-ils ? qu’est-ce qui pourrait changer leur vie ? Imaginez vos concurrents : comment réagiraient-ils ? D’ailleurs, ayez une idée large en matière de benchmarking : si vous êtes un studio de jeu vidéo, vous êtes aussi en concurrence avec tous ceux qui prétendent occuper le temps libre de vos clients : professeurs de yoga à domicile, rave party au fin fond de la Lozère, escape game de centre-ville etc.

Que font-ils que vous ne sachiez pas (encore) faire ? Enfin, munissez-vous d’études sociétales et de cahiers de tendance : comment la montée du véganisme peut affecter votre chiffre d’affaires ? quelle influence aura le réchauffement climatique sur vos ventes d’hiver ? combien de temps le pessimisme de l’après-pandémie retiendra les gens chez eux etc. Ne vous demandez pas “si” ces tendances macro vont vous concerner mais “comment” elles pourraient vous concerner. Une nouvelle fois, placez-vous au-delà du cadre, pour avoir un regard extérieur. Rappelez-vous que ce sont moins souvent les leaders qui innovent que les outsiders (littéralement : ceux qui courent à la marge du groupe). Placez-vous sur le coté, pensez latéralement.

3 – La CONVERGENCE pour penser la qualité

Vous divergiez ? J’en suis fort aise. Eh bien ! Convergez maintenant. Le moment est en effet venu de faire le tri et de passer les idées générées pendant la phase précédente de brainstorming à la moulinette, de les faire “converger” en termes de logique, faisabilité, timing, mise en application etc. Si, dans la phase précédente, toutes les idées étaient “bonnes”, désormais on peut émettre des doutes, des critiques, voire éliminer celles qui sont qualifiées de “mauvaises”. Il est donc important d’avoir déterminé clairement la procédure de sélection des idées : qui décide au final ? 

Car à ce stade, certaines idées sont abandonnées ou reformatées en fonction des contraintes légales objectives (on n’a pas le choix) ; et d’autres pour tenir compte de critères plus subjectifs (le prix d’une telle innovation est-il acceptable par vos clients ?). Il arrive fréquemment que de nouvelles idées apparaissent alors : il faut vous demander si cela ne vaut pas la peine de rouvrir la phase de divergence ! Mais attention, à un moment, il faut savoir s’arrêter et passer une bonne fois à la convergence sinon le processus peut s’éterniser sans jamais déboucher sur rien de concret… Une fois la meilleure idée* retenue, le temps est venu de l’implémenter avec l’espoir qu’elle permette à l’entreprise d’innover et de se réinventer avec succès.
* ou les meilleures 

4 – La RÉSURGENCE pour penser la durée

Aussi géniale que soit l’idée retenue, elle ne sera pas éternelle. Dans l’idéal, toute entreprise devrait donc ambitionner de créer une culture qui lui permette d’en générer d’autres régulièrement, que le processus s’auto-entretienne. On appelle cela la“résurgence”, comme un cours d’eau qu’on ne voit pas toujours car il est souterrain mais qui “sourd” (affleure) régulièrement : c’est pourquoi il faut revenir à intervalles déterminés à des sessions émergence / divergence / convergence. Il faut également être attentif aux détails, paradoxes, signaux faibles… ainsi qu’à votre intuition (qui n’est pas autre chose que votre expérience intériorisée) etc. pour ne pas passer à côté de la prochaine bonne idée…. ou la laisser à votre concurrent. 

Veillez à ce que le ciel au dessus de votre tête reste toujours bleu. C’est, avec l’idée de “penser hors du cadre”, un autre concept hérité de Walt Disney et de ses Imagineers. C’est ainsi qu’ils nomment le processus entier d’émergence / divergence / convergence / résurgence ; après tout, quand on cherche la bonne idée, le ciel est la seule limite !

Conclusion

`Pour trouver la bonne idée, il faut être capable de penser au-delà des cadres existants. Pour cela, il faut faire appel à l’émergence, un “reset” de votre façon d’envisager l’innovation qui consiste à vous mettre en état de doute et ouvert à un nouveau cadre de pensée. La divergence vous permet alors de générer de nouvelles idées, dans une phase où la quantité importe d’abord plus que la qualité. L’étape suivante est celle de la convergence, qui permet d’éliminer les mauvaises idées, puis les bonnes, pour ne laisser cristalliser que la (les) meilleure(s). Enfin, il faut maintenir en souterrain une mentalité, un processus qui permette la résurgence régulière de nouvelles idées afin de rester perpétuellement créatif et innovant et s’inscrire ainsi dans le temps long.

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