SLICES : Vous reprendrez bien une tranche d’intelligence ? 2/3

Dans ce 2ème article nous revenons sur les SLICES, ces six « tranches » qui élèvent le niveau d’intelligence de l’entreprise : Stratégique, Logique, Innovative, Corporelle, Émotionnelle et Sociale.

Dans le premier article de cette série, nous avons défini le mot intelligence comme un “ensemble de fonctions cognitives ayant trait à la compréhension immédiate du monde qui nous entoure et à la faculté d’y affecter les moyens nécessaires en fonction des circonstances ou des objectifs”. Nous avons vu que ce concept est polysémique et ne peut être réduit à la seule forme logico-mathématique (cf. ci-après) à laquelle on le ramène souvent. De la même façon, on ne peut le mesurer simplement à l’aune du célèbre (mais très incomplet) Q.I. C’est pourquoi, à la suite de nombreux psychologues et spécialistes des neuro-sciences, nous avons fait appel au concept d’intelligences multiples. Chez Cogitandi, nous proposons de mobiliser 6 compétences cognitives et émotionnelles spécifiques que nous appelons les SLICES (tranches en anglais), convaincus que nous sommes que nous possédons tous des “tranches” plus ou moins grandes de chacune de ces intelligences.

#SLICES est l’acronyme qui rassemble 6 intelligences multiples : S pour l’intelligence Stratégique ; L pour l’intelligence Logico-mathématique ; I pour l’intelligence Innovative ; C pour l’intelligence Corporelle ; E pour l’intelligence Émotionnelle ; et S pour l’intelligence Sociale. La combinaison de différentes manières de ces 6 formes d’intelligences permet d’accélérer le niveau d’intelligence globale d’une organisation.

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Nous vous proposons de les passer en revue.

Intelligence STRATÉGIQUE 

Sans doute la forme d’intelligence la plus attendue chez un leader, c’est celle qui lui permet de se projeter, et de projeter son entreprise, dans l’avenir ainsi que d’y affecter les ressources nécessaires. C’est en quelque sorte la somme de toutes les intelligences, ce qui n’en fait pas une forme supérieure aux autres pour autant, mais dénote une capacité à prendre des décisions rationnelles et à faire travailler ensemble les intelligences multiples.

À quoi reconnaît-on “l’intelligent stratégique” ?

Le plan d’action (ou plan stratégique) demande : en amont, de disposer d’une vision porteuse de sens et d’influence au sein de l’organisation, de prendre de la hauteur, d’avoir analysé la situation sous tous les angles, planifié plusieurs scénarios possibles et constitué la meilleure équipe pour y parvenir ; pendant l’exécution, d’être bien organisé, rapide dans la prise de décision, de disposer de facultés d’adaptation tout en conservant du recul, d’être capable d’aller contre ses propres connaissances au besoin si la situation l’exige et de motiver les équipes en jouant sur les intelligences multiples ; en aval, d’analyser le succès de l’opération sans se reposer dessus ou son échec (sans s’y appesantir) pour en tirer des leçons, et de continuer à faire preuve de curiosité intellectuelle pour saisir les futures opportunités.

Quelles sont les limites de l’intelligence stratégique ?

Cette forme d’intelligence se caractérise parfois par le manque de confiance en soi, caractéristique du “syndrome de l’imposteur” chez certains leaders, et, à l’inverse, l’abus de confiance en soi, forme d’hubris chez d’autres. Autrement dit, elle est rarement “un long fleuve tranquille” !

Comment accélérer le niveau d’intelligence stratégique ? 

Mentorer la personne en l’aidant à naviguer dans la complexité, en lui apprenant à lire les signaux faibles et à les relier (cf. notre article sur la colligation), lui faire confiance en partageant des informations stratégiques avec elle, l’encourager à manager des équipes diverses ou interculturelles, la faire évoluer (via des formations) du management vers le leadership, la tester en situation et l’accompagner dans l’analyse positive de ses succès et de ses échecs.

L’#INTELLIGENCESTRATÉGIQUE est la capacité à développer une vision et à la concrétiser en faisant travailler ensemble les autres formes d’intelligences. C’est l’intelligence du leader. 

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Intelligence LOGICO-MATHÉMATIQUE

L’intelligence logico-mathématique est la faculté à raisonner de manière structurée et rapide. C’est donc une forme très puissante d’intelligence et, dans l’esprit de beaucoup de gens, elle est même “l’intelligence” par définition. C’est la plus répandue chez les fondateurs, dirigeants, managers et, plus encore, chez les experts.  

À quoi reconnaît-on “l’intelligent logico-mathématique” ?

L’intelligent mathématique dispose d’un esprit logique. Sa capacité d’analyse est quasi sans faille et il estime avec une précision chiffrée l’objectif et les moyens pour y parvenir. Son esprit cartésien lui permet d’envisager d’emblée un plan B, voire des plans C et D : il est donc rarement pris au dépourvu. Et même s’il s’est trompé initialement, ou si les conditions ont changé, il s’en rendra compte par lui-même : une fois convaincu, il peut faire une volte-face complète, rapide et précise. Quand il partage ses convictions, sa logique et son sens de la déduction lui permettent le plus souvent de faire entendre ses vues. Cela peut le conduire à penser qu’il détient la vérité… ce qui est le plus souvent exact puisqu’il est expert en son domaine.

Quelles sont les limites de l’intelligence logico-mathématique ?

L’intelligence logico-mathématique ne préserve pas des biais cognitifs qui peuvent encourager les prises de décisions trop rapides ainsi que le manque d’innovation : “ça a toujours fonctionné  ainsi” etc. On est souvent bien moins rationnel qu’on ne le pense ! Cette intelligence est parfois survalorisée car on confond raisonner avec être intelligent : or, un moteur puissant, s’il vous permet de rouler plus vite que les autres, n’est pas en soi la garantie que vous ne finirez pas dans le décor…

Les #BIAISCOGNITIFS sont des déviations de la pensée rationnelle par rapport à la réalité et qui conduisent à altérer la prise de décision en s’appuyant sur un mode de pensée faussement logique. Le biais d’ancrage (influence laissée par la première impression), le biais de confirmation (tendance à ne valider que les informations qui vont dans notre sens) ou le biais du survivant (surévaluer des exceptions statistiques pour en faire une généralité) sont des biais cognitifs. Il en existe de nombreux autres. 

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Comment accélérer le niveau d’intelligence logico-mathématique ? 

Nourrir l’expertise (abonnements à des revues, salons, formations…) de la personne, respecter son individualisme quand elle s’isole pour réfléchir aussi bien que son approche parfois sans filtre quand elle expose ses idées. Challenger ses raisonnements pour l’inciter à les affûter, à les pousser encore plus loin. La mentorer pour lui faire comprendre qu’elle a, elle aussi, des biais cognitifs à corriger et pour l’aider à jouer plus collectif et à développer des capacités plus sociales avec les autres collaborateurs dotés de formes d’intelligences différentes – mais non pas moindres – de la sienne. L’encourager à développer des approches plus stratégiques (leadership) et plus empathiques (management) si elle souhaite évoluer dans l’organisation.

L’#INTELLIGENCELOGICOMATHÉMATIQUE est la capacité à raisonner de manière structurée, rapide et synthétique. C’est l’intelligence de l’expert

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Intelligence INNOVATIVE

S’il y en a une qui fait fantasmer les observateurs – mais aussi les recruteurs ! -, c’est bien l’intelligence innovative. Penser en dehors des cadres existants rend cette capacité mouvante et parfois difficile à appréhender en entreprise, mais génère en retour de nouvelles idées dont la mise en œuvre apparaît comme le meilleur moyen pour se réinventer, particulièrement en ces temps de crise. L’innovation est néanmoins un état d’esprit qui devrait être recherché en permanence car seul à même d’assurer la pérennité des organisations.

L’#INNOVATION est la recherche de solutions nouvelles qui améliorent l’existant, de manière incrémentale (innovation de continuité) ou radicale (innovation de rupture) et génère un avantage concurrentiel durable. #INNOVATIF qualifie un processus tourné vers l’innovation, tandis qu’#INNOVANT ou #NOVATEUR qualifient le résultat de ce processus.

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À quoi reconnaît-on “l’intelligent innovatif” ?

Il est libre, Max ! L’intelligent innovatif valorise avant tout la créativité, c’est-à-dire la curiosité et la liberté : de pensée, de parole, et même de ton… quitte à décontenancer ! Comme il se lasse assez vite du status quo, il n’aime rien tant que bousculer l’ordre établi. Il a peu de certitudes et explore en permanence des chemins de traverse, ceux-là mêmes qui conduisent à des innovations de rupture. Il sait que la voie est tortueuse mais fait confiance à son intuition. Parfois en léger décalage avec son entourage, il propose – dès que son imagination est stimulée – des idées souvent très originales (qu’il laisse à d’autres le soin de faire passer à l’état de réalité) et semble capable de voir l’invisible. Il s’intéresse moins au comment qu’au pourquoi des choses. C’est un profil décidément très atypique. 

Limites de l’intelligence innovative

Penser totalement “en dehors du cadre”, comme le dit l’expression consacrée, n’est en réalité pas possible, voire pas souhaitable : en entreprise, il y a toujours un cadre dont il faut tenir compte. Le défi est plutôt de penser “au-delà” du cadre, ce qui implique de penser aux applications pratiques. Ce dont la pensée en liberté ne s’accorde pas forcément facilement. Et attention aux “invisibles” : ces intelligents innovatifs qui ont établi un masque de protection pour cacher leur décalage et le rendre imperceptible au premier coup d’œil.

Comment accélérer le niveau d’intelligence innovative ? 

Nourrir la curiosité de la personne en la dotant d’un environnement de travail créatif, lui accorder une plus grande liberté (dans les horaires, dans le look etc.) tout en l’aidant à retomber les pieds sur terre pour les inévitables contraintes de la vie en entreprise. La mentorer pour l’aider à dédramatiser sa peur de l’échec en lui montrant les leçons qu’elle peut en tirer et à être résiliente. S’assurer qu’elle partage ses idées et s’enrichit aussi des idées des autres, même plus classiques qu’elle. La faire collaborer avec d’autres créatifs afin que ces différents profils atypiques s’inspirent les uns les autres. Permettez lui de remettre en question le statu quo, sinon elle partira !

L’#INTELLIGENCEINNOVATIVE est la capacité à emprunter les chemins de traverse et à penser de manière créative, au-delà des cadres existants. C’est l’intelligence de l’architecte

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Intelligence CORPORELLE

L’intelligence corporelle (dite également kinesthésique) est une intelligence du mouvement, au sens large : le mouvement physique bien sûr pour tenir compte de son corps – ses besoins physiologiques, ses limites… – ; mais pas seulement. Ainsi, des non sportifs peuvent eux aussi présenter cette faculté qui leur permet de saisir ou de contrôler les sentiments et les idées exprimées non verbalement par le corps, le leur, comme celui des autres.

À quoi reconnaît-on “l’intelligent corporel” ?

L’intelligent kinesthésique est à l’écoute de son corps et, le plus souvent, à l’aise avec ce dernier. Il a une bonne coordination physique : ses gestes sont rapides et précis. S’il pratique un sport ou une autre activité liée au mouvement, cela agit favorablement sur sa résistance au travail, sa capacité à se décider vite, son adaptabilité et sa résilience, ainsi que sur son humeur au sein du groupe. Sa bonne hygiène de vie en fait un élément facilitateur sur qui on peut compter. Il “lit” les autres à travers les signaux corporels dont ces derniers n’ont souvent pas conscience, ce qui fait qu’on le considère souvent comme très intuitif et qu’on lui reconnaît un grand sens du contact.  

Limites de l’intelligence corporelle

La dépendance de l’intelligent corporel envers ses besoins physiologiques peut interférer avec le groupe, par exemple dans le cas d’un chronotype contraignant. Fatigue, colère et d’autres émotions/sensations peuvent aussi le conduire à des biais cognitifs susceptibles d’altérer son jugement. 

Les #CHRONOTYPES sont l’ensemble des rythmes circadiens (ou biologiques) qui définissent l’énergie, la concentration et autres préférences d’une personne pour des activités matinales (les “lève-tôt”) ou vespérales (les “couche-tard”). Il peut être compliqué pour des personnes dotées de chronotypes particuliers de s’intégrer dans la vie professionnelle ou sociale.

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> Comment accélérer le niveau d’intelligence corporelle ? 

Valoriser visiblement (le dire, l’écrire, le rappeler !) cette forme d’intelligence, souvent moins bien considérée que les autres en entreprise. À tort : une bonne intelligence corporelle est souvent signe d’un bon sens intuitif. S’assurer que la personne est cohérente dans ses expressions verbales et non verbales, l’accompagner pour passer de la lecture qu’elle fait de ses sensations à la capacité à lire celles des autres, encourager au sein des équipes la pratique sur leur temps libre (ou sur celui de l’entreprise !) d’activités – sport, théâtre, activités manuelles etc. – qui aident à canaliser l’énergie et à développer un rapport plus simple avec son corps. Faire preuve dans la mesure du possible de souplesse dans les horaires pour laisser s’épanouir les rythmes circadiens de chacun : l’important n’est pas de gérer son temps, mais son énergie.

L’#INTELLIGENCECORPORELLE est la faculté à “lire” les signaux non verbaux émis par son corps comme par celui des autres et à gérer les énergies. C’est l’intelligence de l’intuitif

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Intelligence ÉMOTIONNELLE

Quand une émotion rencontre d’autres émotions : cette forme d’intelligence permet de reconnaître et de contrôler des sensations par définition hors du champ du rationnel. Contrairement à l’intelligence sociale (cf. ci-après), plutôt acquise, avec laquelle elle présente certaines similitudes dans son rapport à l’Autre, l’intelligence émotionnelle est innée et se travaille donc relativement peu. La première part de soi vers les autres, la seconde des autres vers soi.

À quoi reconnaît-on “l’intelligent émotionnel” ?

L’intelligent émotionnel est capable d’identifier ses émotions et celles des autres, en comprend les causes et les conséquences, et sait les exprimer de manière socialement acceptable. Il n’a pas son pareil pour “prendre la température” d’une salle avant un discours, ou “sentir” les humeurs de l’équipe dès son arrivée au bureau. Il détecte les non-dits et peut souvent ainsi souvent désamorcer les conflits avant qu’ils n’éclatent. Il répand l’empathie autour de lui, cela ne lui coûte pas vraiment d’effort car sa tolérance est sincère et innée. 

Limites de l’intelligence émotionnelle

La vie en entreprise demande parfois qu’on mette son côté émotionnel de côté au profit de sa raison, comme lorsqu’il faut trancher dans le vif en cas de crise, et cela peut s’avérer difficile pour une personne habituée à être d’abord à l’écoute de ses sentiments et de ceux d’autrui. Par ailleurs, on peut facilement être submergé par les émotions des autres.

Comment accélérer le niveau d’intelligence émotionnelle ? 

Encourager la personne à verbaliser ses états émotionnels (cela l’aide à les ramener dans le champ de la raison), lui marquer de la reconnaissance par divers signes jusqu’à reconnaître ceux auxquels elle est le plus sensible et pratiquer avec elle, plus encore qu’avec les autres intelligences, un management humain. La former pour l’aider à passer de la gestion émotionnelle à la compétence émotionnelle (reconnaître les émotions, les analyser, les gérer). La mentorer pour lui montrer qu’émotions et prise de décisions ne sont pas incompatibles.   

L’#INTELLIGENCEÉMOTIONNELLE est la faculté à détecter et analyser les émotions chez soi et les autres. C’est l’intelligence du sensitif

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Intelligence SOCIALE

L’intelligence sociale vise à la connaissance de Soi – ce qu’on nomme l’intrapersonnel – et à celle de l’Autre – l’interpersonnel – et permet de mieux travailler dans la diversité.  Cette envie de comprendre et d’échanger trouve sa réalisation idéale dans un projet collectif. Son focus sur la connaissance et la valorisation de la diversité fait bien d’elle une forme d’intelligence inclusive. 

À quoi reconnaît-on “l’intelligent social” ?

L’intelligent social fait en permanence un vrai travail sur lui-même pour mieux connaître ses mécanismes cognitifs. Il est d’une grande curiosité et va souvent chercher, y compris auprès de sources externes, tout ce qui lui permet d’approfondir son introspection. Cette dernière n’a pourtant rien d’égoïste : au contraire, puisqu’il va ensuite appliquer sa maîtrise de ces mécanismes à ceux qui l’entourent. Son intérêt et son empathie pour les autres sont donc sincères. À ce titre, il a une excellente compréhension des problématiques interculturelles et de la diversité. Il sait respecter les différences et, plus encore, voit en elles un facteur d’enrichissement commun à  valoriser par le biais de l’inclusion. C’est donc un élément-clé pour maintenir l’harmonie du groupe et il n’a pas son pareil pour orienter ce dernier vers l’objectif collectif : connaissant ses limites, il sait s’entourer de personnes au fonctionnement différent du sien.

Limites de l’intelligence sociale

Par son accent mis sur la discussion et la recherche du consensus, l’intelligence inclusive peut retarder la prise de décisions quand il est nécessaire d’agir rapidement (crise, retournement de situation).

Comment accélérer le niveau d’intelligence sociale ? 

Faire confiance à la capacité de la personne à établir des connexions relationnelles même si elles ne vous semblent pas rationnelles (en réalité, elles le sont), favoriser l’accès de profils issus de la diversité car ils sont généralement sensibles à des normes culturelles différentes. Lui proposer des formations permettant d’approfondir ses compétences cognitives et émotionnelles afin de lutter contre la tyrannie de la norme, en réalisant que même elle n’est pas dépourvue de préjugés. Comprendre ce qui la motive, car de sa motivation dépend souvent en outre celle du groupe.

L’#INTELLIGENCESOCIALE permet de maîtriser les capacités cognitives menant à la connaissance de Soi et de l’Autre pour dépasser les biais et préjugés. C’est l’intelligence du manager

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SLICES (tranches) : les 6 intelligences multiples nécessaires pour élever le niveau d’intelligence en entreprise

Dans le dernier article de cette série – “Comment élever le niveau d’intelligence de l’entreprise ?” -, nous verrons comment, chez Cogitandi, nous utilisons les SLICES des intelligences multiples pour sortir de la crise, pour décupler votre efficacité opérationnelle et pour créer une culture de l’innovation qui tienne dans la durée.

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